Espérance banlieues et l’Ecole polytechnique ont noué un partenariat en 2020 pour permettre, chaque année, à des élèves polytechniciens de réaliser un stage au sein d’une des écoles Espérance banlieues. En 1ère année de Cycle Ingénieur Polytechnicien, les élèves de l’Ecole polytechnique réalisent un stage de Formation Humaine et Sociale, pour se former pendant 6 mois à l’exercice des responsabilités. Dans ce cadre, cette année, trois élèves polytechniciens ont intégré l’équipe d’une école du réseau Espérance banlieues. Oussema, étudiant à l’école polytechnique, a ainsi décidé de rejoindre le Cours La Boussole à Mantes-La-Jolie.
Il nous raconte son expérience, découvrez son témoignage en vidéos dans la suite de l’article.
« Je me suis dit : si j’ai une chance de les aider à se dépasser, atteindre un rêve ou avancer dans le bon chemin, je le ferai. »
Pourquoi avoir choisi de réaliser votre formation chez Espérance banlieues ?
Ce stage a attiré mon attention pour deux raisons principales. La première, c’est l’égalité des chances. Je trouve que c’est très important de donner la même chance à tout le monde. Ce n’est pas parce qu’un enfant habite un quartier « difficile » qu’il mérite une moins bonne éducation. Le sentiment d’être utile autour de soi m’a manqué lors de mes années de prépa. Je me suis dit que s’il m’était possible d’aider les enfants à se dépasser, atteindre un rêve ou avancer dans le bon chemin, je le ferai. Et cela m’a permis de découvrir ma passion aussi pour transmettre. La seconde raison concerne la culture française et l’intégration. Etant d’origine tunisienne, je l’ai découverte également, et je souhaitais leur partager mon amour pour la France. Il n’est pas question de « détruire » leurs origines ni leurs croyances, mais de leur permettre de connaitre et aimer la France, de se sentir français, de se plonger dans ce monde très diversifié et accueillant qui les entoure. On ne s’attend pas à voir des effets immédiats, mais tout cela leur sera utile en grandissant.
Quelles ont été vos missions au cours de votre formation ?
Mes activités portaient sur les trois axes du projet pédagogique d’Espérance banlieue : académique, éducatif, et culturel.
Pour la partie académique, tout ce qui est donc purement scolaire, j’ai aidé des élèves lors des études du soir ou des séances de lecture. J’ai également été en charge des cours de sport, ainsi que des tâches ponctuelles selon les besoins des enseignants. Je souhaitais également transmettre mon savoir et ma passion pour les sciences aux enfants. Tout au long de mon stage, j’ai pu réaliser des ateliers scientifiques avec eux, pour leur permettre de mieux comprendre. Par exemple, avec les CP, nous avons étudié les volcans et les différentes éruptions grâce à des processus chimiques. Nous avons aussi créé un planétarium que nous avons appelé « Planétarium du Cours La Boussole ». Il a permis d’introduire les planètes et les astéroïdes aux élèves. Cela a été un vrai plaisir, parce qu’ils sont très réceptifs à cet âge-là.
Sur le plan éducatif, je m’occupais de l’organisation des temps des équipages, très chers aux élèves. Ces moments permettent aux enfants d’apprendre l’esprit d’équipe et l’entraide.
Pour tout ce qui est culturel, nous avons eu plusieurs projets. Nous avons par exemple partagé la galette des rois et mangé des crêpes pour la chandeleur, tout en expliquant aux élèves les origines de ces traditions.
J’ai également été en charge de l’animation du site internet du Cours La Boussole. J’ai donc posté des actualités chaque semaine, des photos, des nouvelles… C’était très riche, parfois très chargé. Mais j’avais toute cette énergie grâce aux enfants. Ils m’ont donné la motivation nécessaire.
Que pensez-vous du modèle Espérance banlieues ?
Je trouve le modèle très pertinent. En effet, il est possible de voir une échelle de progression chez les élèves, notamment grâce à des rituels. Cette progression se voit tant au niveau académique qu’au niveau humain. On habitue les enfants à avoir des responsabilités, à se sentir utiles et capables, à être respectueux, ainsi qu’à régler leurs conflits seuls. J’ai observé une progression très importante des élèves tout au long de mon stage. Notamment les chefs d’équipe : ils ne font plus les choses pour les adultes, mais pour les plus jeunes. Ils apprennent à grandir et évoluer en société. Les écoles Espérance banlieues réalisent un travail extraordinaire, en reconnaissant et valorisant tout le potentiel des enfants, je voulais faire partie de cette aventure. De plus, les parents sont majoritairement très impliqués et adhèrent au projet de l’école. Leur présence est centrale, ils sont invités à des réunions et il y a une vraie communication entre eux et les professeurs. Une alliance bienveillante est ainsi créée entre les deux parties.
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Un ballon solaire réalisé par les élèves, en partenariat avec polytechnique
Quel a été le projet « phare » de votre stage ?
Le ballon solaire a été le projet phare. Il a été réalisé en partenariat avec le pôle Diversité et Réussite de l’école polytechnique et la start-up Vittascience, créée par un polytechnicien. J’ai ainsi fait découvrir aux élèves de toutes les classes, principalement les CM1-CM2, des notions de physique telles que la pression de l’air, les variations de la température, la teneur en CO2, ainsi que des notions de programmation. Ce projet comprenait plusieurs ateliers, de la construction du ballon et de la nacelle jusqu’au vol et l’analyse des données. Après avoir construit le ballon de 15m et l’avoir fait voler, les élèves pourront accéder aux données récupérées par des capteurs accrochés au ballon. Cela permet aussi de les sensibiliser aux enjeux du développement durable, notamment grâce à l’analyse de la teneur en CO2, qui permet de savoir si l’air est pollué ou non. Pourquoi on faire un tel projet dans une école ? Parce que les enfants, ayant créé le ballon de toutes pièces et l’ayant fait voler, peuvent s’approprier le projet car ils en sont responsables. Toutes les découvertes réalisées à cette occasion sont beaucoup plus marquantes. C’est une manière d’apprendre autrement !
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Que retenez-vous personnellement ?
Cette expérience est très humaine et très touchante. J’ai appris des élèves de nouvelles choses chaque jour, et j’ai compris que la vie peut être aussi dure pour un enfant de 7-8 ans. Ces quelques mois m’ont permis de découvrir, d’apprendre, de développer mon empathie et ma compassion, d’avoir un regard nouveau. Cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur le monde de l’éducation des enfants, dont j’ignorais tout auparavant. J’ai pu assister à des formations sur des sujets dettes que l’éducation et les pédagogies, être au coeur des classes et de l’école. J’ai eu ce sentiment d’être utile, de permettre aux enfants de progresser et avancer, d’apprendre et se dépasser. Les enfants ont un potentiel énorme, ils ont pleins de choses à nous apporter et nous apprendre.
Allez-vous rester en contact avec l’école et les élèves ?
Oui, j’ai vraiment envie de garder contact avec les élèves ainsi qu’avec l’équipe du Cours La Boussole. C’est une équipe très dynamique, très créative. J’essaierai de rester en contact avec eux à distance, par exemple en animant les ateliers d’apprentissage au numérique, ou en me déplaçant occasionnellement.
Un grand merci à Oussema pour son engagement auprès de nos élèves. Étant d’origine turque, les élèves ont pu s’identifier à lui, et voir en lui un modèle. Son énergie,sa passion, sa créativité et sa bonne humeur constante ont été d’un précieux soutien pour les équipes pédagogiques et associatives du Cours La Boussole.
Dans le cadre du partenariat avec Polytechnique, cette année, trois élèves polytechniciens ont intégré l’équipe d’une école du réseau Espérance banlieues. Découvrez les témoignages des deux autres élèves :
- Luc au Cours Eric Tabarly à Toulon
- Romain au Cours La Fontaine à Saint-Etienne