Marie enseigne en classe de CP dans l’une des 17 écoles Espérance banlieues, à Mantes-la-Jolie. Ce qui la fait se lever chaque matin ? Se sentir à sa place. Son choix d’enseigner en quartier prioritaire est né d’une expérience sur le terrain. A la sortie de Science Po Paris, une année de service civique au Cours La Boussole l’a convaincue de quitter son parcours qui s’orientait alors vers les vins et spiritueux. C’est sa 4ème rentrée en tant que maîtresse dans une école Espérance banlieues, et 12 écoliers l’appelleront cette année “Mademoiselle Marie”.


« Toute la classe a applaudi Ali*. Lui-même était stupéfait et fier ! La lumière dans ses yeux était vraiment celle de l’accomplissement. L’année dernière, j’étais maîtresse de CP et j’ai vu arriver cet enfant avec de grandes difficultés relationnelles : peur de l’autre, refus de se mêler aux activités communes… Il s’isolait dans son coin. D’un point de vue purement académique, il faisait un blocage sur la mémorisation, ce qui renforçait son sentiment d’être différent. Réciter une poésie était un vrai défi pour lui. Nous avons très vite mis en place des actions pour l’aider. »

Créer un esprit de cohésion en classe donne des ailes aux enfants

« En parallèle du travail de collaboration avec sa maman pour le mettre en confiance, j’ai instauré un rituel pour réciter les poèmes. Cela consistait à faire asseoir les élèves sur une « ligne Montessori » tracée sur le sol pour s’écouter à tour de rôle. L’objectif était d’engager les élèves dans l’apprentissage et de s’encourager mutuellement. »

« Cet enseignement personnalisé et communautaire** permet de voir les autres progresser. Ainsi, les enfants se soutiennent comme s’ils étaient en cordée pour gravir une montagne ! Et ça marche. J’ai un souvenir ému du moment où tous les élèves ont ouvert de grands yeux en voyant leur camarade finalement capable de réciter sa poésie. Il avait réussi à affronter ses peurs et à les surpasser ! »

Bienveillance, fermeté et bonne humeur !

« Un professeur est un chercheur d’or. Nous sommes sans cesse dans une attitude d’observation et de recherche des forces et faiblesses de l’enfant pour le faire progresser et révéler le meilleur de l’élève. L’adulte sait ce qui est bon pour l’enfant. A nous d’établir un lien de confiance avec l’élève pour que ce dernier n’agisse pas seulement par devoir, mais par envie d’apprendre. »

« Comme tout professeur, il arrive parfois que l’autorité soit plus difficile à instaurer avec certains élèves, dans ce cas, il faut travailler le lien avec l’enfant. En deux mots : bienveillance et fermeté. Je pense qu’il est essentiel que l’élève se sente engagé dans le processus du choix des règles. Le cadre détermine l’ensemble des règles au début de l’année et la manière de les appliquer. »

L’importance de se sentir unique

« Pour chaque anniversaire, j’ai initié ma classe à la “douche de compliments”. Le jour J, chacun remercie l’élève pour quelque chose. L’idée, c’est qu’il n’ait pas seulement un regard sur lui-même de la part de l’adulte, mais aussi de la part de ses pairs. Résultat : l’élève sait qu’il reste utile et indispensable à la classe, que son comportement ait été bon ou mauvais. »

« Pour aborder cette nouvelle année, mon leitmotiv, c’est la bonne humeur ! Les enfants doivent être heureux d’aller à l’école. Le bien-être est un prérequis à l’apprentissage. J’observe la progression de mes élèves dans tous les domaines, car je considère qu’une classe est faite pour vivre ensemble ! Se sentir bien, se faire des amis, apprendre sur le monde qui nous entoure, permet de grandir en maturité. Et pour cela, il faut de la joie au quotidien ! »


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*Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat 

** Pédagogie proposée aux formations du réseau Espérance banlieues et inspirée de Pierre Faure