Découvrez la discipline positive, cette approche qui inspire le cadre éducatif mis en place au sein des 17 écoles Espérance banlieues.

Démarche éducative ferme et bienveillante, basée sur l’encouragement, la discipline positive est centrée sur la recherche de solution et la coopération des enfants. « Elle s’inscrit dans le temps long de l’éducation des enfants et a pour objectif de leur permettre de devenir des adultes responsables, dotés de compétences sociales et de ressources pour la vie », explique Philippe de Beauregard, Responsable pédagogique au sein du réseau Espérance banlieues.

Née dans les années 1920, cette méthode repose sur les fondements théoriques d’Alfred Adler, psychiatre autrichien, selon lesquels tout comportement humain est conditionné par deux besoins fondamentaux : le besoin d’appartenir et le besoin de contribuer à un groupe. Soixante ans plus tard, ce sont les psychologues américaines Lynn Lott et Jane Nelsen qui ont donné une dimension pratique à cette discipline, et la production de livres et manuels a largement participé à sa diffusion.

Chaque enfant est une promesse

« Être bienveillant, ou veiller au bien de chaque enfant, c’est d’abord être convaincu que chacun est unique, doué de talents qui lui sont propres, et qu’il ne peut jamais, en qualité de personne, être réduit à ses actes, son comportement ou ses résultats scolaires », poursuit Philippe de Beauregard. « Nous encourageons nos professeurs à une qualité du regard posé sur chacun de ses élèves, au quotidien. »

La discipline positive encourage à ne pas dissocier la bienveillance de la fermeté. « Trop souvent, à l’origine des comportements inappropriés de l’enfant se trouvent des approximations de l’adulte, des indécisions, des manques de clarté. Former nos enseignants à la discipline positive les incite à établir clairement les règles de conduite dans leur classe. Les élèves se sentent en sécurité car ils connaissent l’environnement dans lequel ils évoluent », conclut-il.

Au Cours La Boussole (Mantes-la-Jolie), l’équipe pédagogique a bénéficié pendant deux ans – à l’initiative du directeur – d’un accompagnement à la mise en place de la discipline positive. De manière régulière, une formatrice s’est rendue à l’école pour un temps d’observation, de compte-rendu et d’enseignement.

Eugénie, alors enseignante en classe de  CP au Cours La Boussole, partage avec nous les bienfaits observés sur la vie de l’école.

Susciter l’agir positif

« Comme son nom l’indique, la discipline positive incite à se focaliser sur ce qu’il y a de positif, de bon en chacun des élèves. Mais comment y parvenir si la démarche de l’enseignant est de s’adresser à l’enfant en lui indiquant ce qu’il ne doit pas faire ? Par exemple, « Ne courrez pas dans les couloirs ! », ou « Ne vous balancez pas sur votre chaise ! ». La formation a permis à chaque enseignant de modifier son regard. Nous avons décidé de porter une attention toute particulière à notre manière de nous adresser aux élèves et avons collectivement fait l’effort d’employer des formules positives. Petit à petit, nous en avons observé les bienfaits : une parole positive entraîne un comportement positif ! »

Responsabiliser les élèves

« Nous avons pris conscience, lors de petits exercices pratiques, que l’adulte a communément l’habitude d’indiquer à l’enfant ce qu’il doit faire. Par exemple, avant une dictée, un enseignant peut dire : « Sortez une feuille et votre trousse, prenez votre stylo, etc… ». Cependant, nous ressentions que cette démarche n’était pas cohérente avec l’ambition que nous avions pour nos élèves : qu’ils deviennent des adultes responsables, capables de prendre des décisions, et confiants dans leur capacité à agir. 

À l’époque, les déjeuners étaient des moments pénibles et fatigants pour les professeurs comme pour les élèves. Forts de notre formation en discipline positive, nous avons donc sollicité les chefs d’équipe – responsables d’un petit groupe au moment du déjeuner et plus largement dans les temps forts de la vie de l’école – et les avons associés à notre démarche.

Lors d’une réunion avec eux, nous leur avons proposé d’exprimer leur ressenti quant à ces temps de déjeuners. Les mots « bruyants », « équipes en retard », ont été évoqués… Nous les avons guidés afin qu’ils puissent trouver eux-mêmes des solutions pour que ce temps soit agréable pour tous. Cela a alors abouti aux « Règles d’or du déjeuner », établies par leurs soins. Se sentant impliqués et responsabilisés, les chefs d’équipe ont ainsi contribué à faire respecter ces règles d’or aux autres élèves et les temps de déjeuner sont devenus plus apaisés ! »

Ensemble, décoder les motivations de l’élève

« La richesse de la discipline positive est d’aller au-delà de l’observation du comportement de l’élève, en s’attachant à comprendre les motivations de ce comportement. La méthode propose une grille de lecture permettant de décoder ces motivations cachées (accaparer l’attention, prendre le pouvoir, prendre une revanche, confirmer sa croyance d’incapacité). Lors de nos réunions pédagogiques hebdomadaires, nous avons pris l’habitude de relire certains comportements inappropriés d’élèves à la lumière de cette grille. Cela nous a donné des clés pour comprendre ces élèves et les aider. »

Avec cette approche éducative, les professeurs des écoles Espérance banlieues veillent ainsi à valoriser chaque élève pour qu’il perçoive ce dont il est capable. Cultiver une culture de l’encouragement et renforcer le sentiment d’appartenance sont des éléments clés de la discipline positive. Tous les nouveaux professeurs du réseau sont formés à cette pédagogie au cours de la formation d’été « Enseigner en cité ».