À 18 ans, Noël Kodia a choisi de s’investir au Cours Eric Tabarly, une école Espérance banlieues située à Toulon. Après deux ans de prépa en Côte d’Ivoire, il s’est donné les moyens d’intégrer la plus prestigieuse école d’ingénieur en France, Polytechnique. Un nom d’école qui lui était inconnu avant que ses professeurs ne lui en parlent !
Pour les étudiants en première année de « l’X », l’affectation à une formation humaine est un passage obligatoire. Ils doivent s’engager dans les armées ou dans un organisme civil pour une période de six mois. « L’idée, c’est que nous apprenions la vie après deux ans de classes prépa passées la tête dans les livres, » explique Noël en souriant. Cette formation entend donner à ces étudiants l’expérience des réalités sociales, avant d’exercer des responsabilités d’ingénieurs et de cadres.
Parlez-nous de votre quotidien avec les élèves
« Au Cours Eric Tabarly, je suis un soutien scientifique pour les élèves, qui ne réalisent pas toujours ce qu’est la science de manière tangible. Par exemple, ils manipulent un téléphone sans savoir le travail qu’il y a derrière. J’ai donc vocation à leur ouvrir l’esprit critique. Je suis aussi membre des activités à La Ruche du Cours Tabarly, qui vise à renforcer les liens entre école et familles dans leur mission éducative et à les accompagner au-delà du temps scolaire. »
« C’est l’occasion d’accompagner les familles lors des activités extra-scolaires comme la poterie, la pétanque avec des personnes âgées, les jeux de société, les visites de musées… La Ruche représente un lieu unique de mixité sociale ! En parallèle, j’ai un rôle d’éducateur au sein de l’école, comme professeur d’éducation civique et morale, ou en tant que grand frère pendant les récréations ! »
Pourquoi avez-vous choisi de faire ce stage chez nous ?
« C’est la notion de mixité sociale qui m’a attiré. Comprendre comment se passait cette diversité entre les élèves issus de familles aisées et ceux moins favorisés. J’ai voulu le voir de mes propres yeux. Ils s’apportent mutuellement par leur état d’esprit. Ils arrivent à s’entendre, car nous avons le cadre nécessaire. »
« Concrètement, au Cours Eric Tabarly, nous avons un système de “message clair”. Si deux élèves se sont disputés, nous les plaçons l’un à côté de l’autre et ils doivent s’expliquer. L’un doit dire ce qui l’a blessé et l’autre doit prononcer des excuses. En général, c’est le seul moyen pour qu’ils arrivent à passer à autre chose. Ça règle la plupart du temps les problèmes, car ils oublient rapidement leur rancune. »
Que vous apporte cette expérience ?
« Avant mon arrivée, je ne savais pas parler à des enfants ou cadrer un groupe. Je me considérais davantage comme un élève qui obéit aux adultes. Je suis passé de l’autre côté de la barrière. J’ai développé une certaine autorité pour encadrer une classe. »
« Par ailleurs, un éducateur doit savoir transmettre des émotions, ce qui n’est pas du tout inné chez moi, surtout après tant d’années d’études ! J’ai appris à rester impassible si un enfant fait une blague alors qu’on a demandé le silence. Je sais prendre un air sérieux si besoin, ou plus enjoué pour leur donner envie d’apprendre. »
Une activité que vous allez réaliser avec les élèves ?
« Je vais initier nos élèves à la programmation informatique. Je sais coder depuis mes 13 ans. Mes grands frères l’apprenaient à l’université et en parlaient à la maison. J’ai donc commencé à apprendre seul sur Youtube, puis j’ai créé mon propre site web. Une fois les fondements compris, le reste est facile. Je vais leur faire découvrir le codage, adapté aux élèves de CM2. Nous allons commencer par les bases, juste pour comprendre l’organisation générale. »
« J’ai prévu de leur apprendre à réaliser des figures géométriques. Ils pourront ensuite essayer de les assembler pour illustrer un arbre par exemple. S’il nous reste du temps, nous pourrons passer aux dessins de mangas. L’idée est qu’ils comprennent au moins l’agencement. Si certains développent une fibre informatique, ce sera un plus dans leurs CV ! Ils pourront se différencier dans leur recherche d’emploi. Ils gagneront également en estime d’eux-mêmes, car ils sauront faire quelque chose de plus que les jeunes de leur âge. »
Quels conseils donnez-vous à nos élèves ?
« Quand ils me voient, ils se disent que c’est impossible d’avoir mon niveau. Je leur dis simplement que j’étais comme eux et que j’y suis arrivé ! Je dis à ceux qui sont démotivés dans leur travail que je n’en serais pas là si j’avais abandonné. »
« Certains me demandent si j’ai toujours trouvé les mathématiques faciles. Je leur réponds que non ! S’il y a une difficulté, c’est seulement car il y a quelque chose qui n’est pas compris. Une fois la lacune comblée, ils peuvent poursuivre. Je les encourage à ne jamais baisser les bras. »
Merci pour l’énergie que vous déployez à nos côtés. En 2023, 100% de nos élèves ont obtenu le Brevet des Collèges. Nos écoles sont financées à 14 % par les frais de scolarité et 86 % par vos dons. Investissez dès aujourd’hui dans l’éducation de demain !
@Crédit photo Agence MYOP