Depuis 2012, Espérance banlieues agit telle une réelle aventure entrepreneuriale dans les quartiers pour donner une chance à chaque enfant. Le réseau se développe, innove et rayonne, grâce à l’engagement de ses professeurs mais aussi de nombreux bénévoles. Ces derniers rejoignent le réseau dans une démarche entrepreneuriale et philanthropique. À l’occasion de la Semaine Mondiale de l’entrepreneuriat du 8 au 12 novembre 2021, découvrez des portraits d’entrepreneurs engagés qui font la force d’Espérance banlieues.

Deuxième portrait avec Christophe Certain, directeur du Cours Frédéric Ozanam, école du réseau Espérance banlieues à Marseille. Christophe nous raconte son parcours avant d’arriver chez Espérance banlieues et le rêve qu’il nourrit pour le monde de l’éducation.

Quel a été votre parcours avant de rejoindre une école Espérance banlieues ?

« Après l’EM Lyon, je débute dans le conseil en conduite du changement chez Alter&Go. En 2011, nous montons notre entreprise avec mon associée. Nous bénéficions d’un bel accompagnement au démarrage en étant hébergé par l’incubateur d’HEC. Le concept de Vélissime ? Une cantine mobile pour de grosses entreprises qui n’en ont pas. Il s’agissait de restaurants mobiles tractés par triporteurs. Nos bureaux étaient à l’époque dans le quartier de Beaugrenelle à Paris, Vélissime comptait 35 salariés, nos clients étaient de grands cabinets d’avocats et de grandes entreprises tel que LVMH, Pinot, …   

En 2012, je perds soudainement ma mère. Je prends conscience de l’urgence de la vie et se pose cette question du sens que je donne à ma vie, avec ma femme Maylis… Quelques mois plus tard, alors en pleine réflexion, nous recevons un mail d’une association amie qui nous parle de leur projet un peu fou : monter une école dans les quartiers Nord de Marseille. « Souhaitez-vous faire partie de l’aventure ? » Le projet arrive au moment parfait, nous sommes prêts et nous faisons nos cartons. Je pars sereinement de Vélissime en cédant la place à l’ancien directeur financier de Nicolas Feuillatte. »

Comment s’est passé le début de cette nouvelle aventure ?

« Fin 2013, je monte à bord de ce nouveau projet, l’équipe dispose de locaux en ruine et d’une levée de fonds de 25 000€. L’objectif est d’ouvrir l’école en septembre 2014 de lever 450 000€ supplémentaire pour assurer la rénovation des locaux, recruter l’équipe, écrire le projet et tenir les délais administratifs. Soutenu par le conseil d’administration de l’association de pilotage de l’école, nous ouvrons avec 6 élèves, 2 professeurs et moi-même en tant que directeur. 7 ans après, notre école située dans le quartier St Just dans le 13ème arrondissement de Marseille et qui jouxte le quartier prioritaire de Malpassé-Corot, compte 67 élèves de la moyenne section au CM2 et une équipe de 7 professeurs. » 

Parlez-nous du rôle de l’entrepreneur selon vous.

« De l’entrepreneuriat marchand, je bascule dans le monde de l’entrepreneuriat social dans l’éducation. De nombreux points communs demeurent : la dimension terrain, de bonnes galères, des réussites qui ont beaucoup de goût, le côté opérationnel, un périmètre d’action à 360° et la mobilisation d’hommes et de femmes autour d’un projet enthousiasmant. Bien qu’ayant changé de domaine, je pense que nous avons toujours besoin de vrais entrepreneurs dans le privé pour faire vivre l’économie de notre pays !

Aujourd’hui en tant qu’entrepreneur dans l’éducation, je suis vraiment à ma place ! Je dois fédérer une équipe, mener un projet de manière efficace et performante, seule la finalité est différente.

Au quotidien ? Je gère une équipe, j’ai la casquette d’éducateur vis à vis des élèves, j’accompagne les professeurs et les parents dans leur mission, je participe à l’animation des cours de récré, les temps du déjeuner, l’organisation des sorties. Je participe aussi à la levée de fonds, plusieurs centaines de milliers d’euros sont nécessaires chaque année pour financer nos locaux, payer nos professeurs, etc. Je développe des partenariats locaux, je gère la partie administrative de l’école. Je rends compte de notre action aux différentes parties prenantes.

Je travaille de plus en plus sur des projets qui dépassent les murs de l’école, pour contribuer au renouveau de l’éducation en France avec d’autres acteurs, à commencer par les 16 autres écoles du réseau Espérance banlieues. Je me nourris aussi, en me formant et en confrontant mes défis à ceux d’autres dirigeants, notamment avec l’APM (Association pour le Progrès du Management).

Je contribue donc à ce que notre société avance et agisse pour le bien de nos adultes de demain ! Je souhaite permettre au monde de l’éducation de vivre le même virage que celui qu’a effectué l’Economie Sociale et Solidaire il y a quelques années et qui a réussi à dépoussiérer son image, attirer des talents et des entrepreneurs. »

Quels sont vos moteurs ?

« Nos élèves d’abord et leur épanouissement, mais aussi la petite communauté des parents et anciens élèves, pour qui la notion de bien commun est réelle dans notre quartier. Je veux agir pour que le monde de l’éducation attire aussi des talents, qu’il soit un lieu d’innovation et qu’il soit en réalité aussi attractif et accessible que le monde de l’ESS.

A Marseille, nous nous rendons compte que cela est possible, je suis entouré d’une équipe constituée de profils variés. Certains sont diplômés de l’enseignement et ont souhaité changer de cadre pour donner une chance à ces enfants, d’autres ont le même profil d’entrepreneur reconverti que moi.

Plusieurs de nos jeunes professeurs ont fait leurs études dans de grandes écoles et souhaitent aujourd’hui agir pour répondre aux grands enjeux éducatifs qui se posent actuellement. Nous sommes tous ici des passionnés de l’éducation ! »