Depuis 2012, Espérance banlieues agit telle une réelle aventure entrepreneuriale dans les quartiers pour donner une chance à chaque enfant. Le réseau se développe, innove et rayonne, grâce à l’engagement de ses professeurs mais aussi de nombreux bénévoles. Ces derniers rejoignent le réseau dans une démarche entrepreneuriale et philanthropique. À l’occasion de la Semaine Mondiale de l’entrepreneuriat du 8 au 12 novembre 2021, découvrez des portraits d’entrepreneurs engagés qui font la force d’Espérance banlieues.
Troisième portrait avec Laurent Denormandie, chef d’entreprise et président du Cours La Traverse, école du réseau Espérance banlieues à Compiègne. Entrepreneur engagé au sein de son territoire, Laurent nous partage sa conception u rôle de l’entrepreneur aujourd’hui dans la société et les raisons qui l’ont encouragé à ouvrir une école Espérance banlieues dans sa ville.
Quel a été votre parcours avant de créer une école Espérance banlieues ?
« Après des études agricoles et forestières, j’ai tout de suite créé mon entreprise en tant qu’exploitant forestier/scieur. Cela fait maintenant plus de 35 ans. Nous sommes aujourd’hui 35 salariés répartis sur 2 sites, l’un dans l’Aisne et l’autre près de Cognac. Sylvabois se positionne sur un marché de niche et réalise un chiffre d’affaires annuel de 10M€. Nous n’exploitons que des feuillus et choisissons les plus beaux chênes pour produire essentiellement des pièces de tonneaux. 50% de notre activité est lié au marché de la tonnellerie pour des clients français et internationaux, le reste est dédié à de la scierie traditionnelle (charpentes, parquets…) »
Pour vous, quel est le rôle de l’entrepreneur dans notre société aujourd’hui ?
Je crois beaucoup à la responsabilité du chef d’entreprise dans le tissu local, régional et national. Le chef d’entreprise a une vraie responsabilité, son entreprise doit être intégrée dans son écosystème et participer au bien commun. L’Etat ne peut pas tout et fait déjà beaucoup. Chez Sylvabois, nous sommes toujours très ouverts en cas de sollicitation, notamment des jeunes en stage ou en apprentissage. Il est bien sûr fondamental qu’une entreprise gagne de l’argent, mais son action ne s’arrête pas là, elle contribue à la vie sociale et humaine par la transmission de valeurs.
En tant qu’employeur, je suis confronté aux candidatures spontanées de jeunes de 18 ans qui cherchent du travail. Je suis parfois frappé par la détresse de ces jeunes, perdus, sans diplôme, et qui ne savent pas toujours bien se présenter. Une fois recruté, cela peut être assez « rock n’roll » ! Que ce soit au sujet des retards, des absences non prévenues, de leur venue en voiture quand bien même ils n’ont pas le permis… Ces jeunes doivent avoir les bons codes pour réussir. Savoir être à l’heure, respecter une consigne, être assidu et vrai. Une fois tout cela acquis, même sans diplôme, ces jeunes peuvent s’en sortir !
Racontez-nous ce qui vous a poussé à ouvrir une école Espérance banlieues à Compiègne.
En complément de mon activité, je me suis toujours investi dans l’associatif au sein même de ma profession. J’ai animé la chambre syndicale des scieries locales, puis j’ai pris la présidence nationale des scieries françaises. J’ai été le patron de la Fédération Nationale du Bois pendant 12 ans puis président de l’interprofession nationale de la filière France Bois Forêt. Au bout d’une quinzaine d’années, il est temps de passer la main, mais je souhaite conserver ce temps pour le dédier à un projet associatif.
Un jour, après plusieurs discussions en famille, mes enfants m’offrent le livre sur Espérance banlieues. Ce projet me parle ! J’en parle à un ami, lui aussi chef d’entreprise. A Compiègne, nous voyons cette fracture sociale se creuser, la période d’attentats de 2015 nous interpelle de même que les difficultés rencontrés dans les quartiers prioritaires. Compiègne est une petite ville mais « Le Clos des Roses » est un quartier connu comme difficile… Que faire à nos âges ? Quel projet murir ? Je contacte Eric Mestrallet, le fondateur du réseau Espérance banlieues, qui nous invite à visiter l’école de Montfermeil. J’en parle ensuite à plusieurs contacts ; tous convaincus par le projet, nous constituions une équipe et répondons à l’appel à projet.
Le projet d’Espérance banlieues s’inscrit naturellement dans mon parcours. A l’école, l’équipe transmet les codes et les repères nécessaires aux jeunes pour ensuite faciliter leur intégration sociale, professionnelle et culturelle. Le Cours La Traverse compte aujourd’hui 28 élèves de la maternelle au CM2 avec 4 professeurs et un directeur, ancien éducateur aux Apprentis d’Auteuil. Je vois l’investissement de l’équipe, la satisfaction des parents et le sourire de nos élèves, je pense alors que nous sommes sur la bonne voie et que nous participons à un vrai projet de société ! »