Dans le cadre du déconfinement progressif annoncé par le gouvernement, les écoles du réseau ont rouvert dès la première semaine. Les élèves ont été accueillis dans le respect des mesures sanitaires indiquées par le ministère de l’Education nationale (lire notre précédent article ici). La deuxième phase du déconfinement concerne les collégiens qui reviennent eux aussi à l’école petit à petit. C’est donc le cas des cinq collèges du réseau Espérance banlieues. Léa et Benoit, enseignants au collège du Cours Antoine de Saint-Exupéry à Asnières, reviennent sur cette période d’enseignement à distance. Ils racontent également une rentrée un peu particulière avec la reprise de l’école et du collège.
Benoit, professeur de Mathématiques et de SVT au collège et professeur principal des 3èmes.
Léa, professeure de Mathématiques, de Physique, Chimie et Technologie et professeure principale des 5èmes.
Le collège à la maison
Pendant presque trois mois, les collégiens des écoles Espérance banlieues ont poursuivi leurs cours à distance. Ils étaient accompagnés par leurs professeurs et soutenus par leurs parents. Léa se rappelle cette journée spéciale. « Le vendredi 13 mars restera dans nos mémoires comme une journée assez unique. Un mélange d’excitation, car l’école ferme ses portes, et d’angoisse face aux semaines inconnues qui arrivent devant nous. Ce jour-là, les élèves posent mille questions sur la façon dont on va s’organiser chacun chez soi. En tant que professeurs, nous sommes tenus de répondre et de rassurer au mieux élèves et familles. Mais au fond, nous sommes devant une page blanche, sans vraiment savoir comment s’y prendre. »
Cependant, très vite, l’équipe pédagogique s’organise. « Nous utilisons une plateforme en ligne pour centraliser les échanges de documents. Cela permet aussi de communiquer facilement avec les parents et avec les élèves » précise Benoit.
« Certains élèves s’adaptent facilement à ce nouveau mode de fonctionnement. D’autres se sentent déjà un peu perdus, mais plusieurs élèves et parents nous font une remarque commune : il y a beaucoup trop de travail à faire. Au bout d’une semaine, nous ajustons le tir, en prenant en compte une réalité commune : peu de familles ont plusieurs ordinateurs à la maison. Cependant, chaque enfant de la fratrie doit avoir accès à ses devoirs en ligne. Je décide donc de moins surcharger en devoirs de mathématiques et de plus diversifier ce que je demande aux élèves » mentionne Léa.
Cette manière de fonctionner permet ainsi d’assurer la continuité pédagogique en temps de crise, tout en enrichissant les échanges et la relation de qualité entre professeurs et parents d’élèves. Le confinement a aussi été l’occasion de tester de nouvelles méthodes de travail avant la reprise de l’école et du collège.
Léa nous raconte : « Je mets en place trois nouveautés qui sortent du cadre des cours. Je passe plus de temps avec chacun de mes élèves au téléphone, avec leurs parents également pour les aider à mieux s’adapter. Je lance un défi par semaine à réaliser à la maison avec l’environnement qui nous entoure. J’invite les élèves à tourner une vidéo dans laquelle ils montrent un talent, à rédiger un problème de mathématiques avec un objet du quotidien… Enfin, j’organise des conférences Zoom à raison de deux par semaine, pour faire du calcul mental et une session « Vie de classe ». Cela permet de garder une cohésion de classe, de pouvoir discuter, échanger, poser leurs questions, etc. Et, évidemment, faire quelques blagues avec leurs camarades. »
Cette période n’est pas toujours facile, aussi bien pour les élèves que pour les professeurs : « Le temps est parfois un peu long, je sens parfois de la démotivation chez moi à devoir être loin de mes élèves ainsi que chez mes élèves. A partir de fin avril, je continue de les féliciter, de les encourager, de rassurer certains parents qui s’inquiètent quant aux programmes scolaires qui ne pourront être aboutis et au retard accumulé dans l’acquisition de certaines compétences académiques pour leurs enfants » ajoute Léa.
Une phase intermédiaire
Les collèges d’Ile-de-France ne pouvaient rouvrir avant le 2 juin. Afin de garder le rythme avec ses élèves, Léa fait preuve d’initiatives pour apporter un soutien plus personnel à ses élèves. « Lorsque j’apprends que l’école primaire d’Asnières rouvre ses portes le 11 mai, je propose immédiatement mon aide et ma présence, même si le collège doit rester fermé. A partir du mardi 12 mai, je propose une permanence à l’école avec des créneaux horaires à mes collégiens. Ils peuvent ainsi revenir, un par un, masqué, pour récupérer un cahier ou un manuel oublié en classe. Certains en profitent pour prendre des fournitures, voir la cour de récréation ou travailler avec moi ou seul en classe. Beaucoup répondent présents et sont réellement contents de pouvoir revenir à l’école. « Ça fait bizarre » selon certains, « ça fait plaisir » pour d’autres, « ça paraît vide » pour tous. »
Tout le monde attend avec impatience l’ouverture du collège après la reprise de l’école. Cette période particulière a permis aux élèves de développer « des qualités incroyables » selon Léa.
« Apprendre à s’organiser seul, travailler en autonomie, demander de l’aide, se poser des questions… ».
La reprise de l’école et du collège dans un nouveau format
Après cette période particulière, les professeurs envisagent différemment la reprise et l’organisation des cours en présentiels. Au Cours Antoine de Saint-Exupéry, les classes de 6ème et de 5ème ont rouvert le 3 juin. C’est le début de la reprise de l’école et du collège. Quelques jours avant la rentrée, Benoit précise : « Etant donné que les élèves ont bien travaillé en autonomie, nous allons mettre en place à la rentrée un fonctionnement par plan de travail. Les élèves pourront avancer à leur rythme sur le travail de la journée à réaliser. Ils seront aidés individuellement par leur professeur. Plus de cours magistraux jusqu’à la fin de l’année ! ».
« Le mois de juin, phase 2 du déconfinement et réouverture des classes de 6ème – 5ème, va être un mois de tentatives pédagogiques. Les classes vont être séparées en deux groupes d’élèves. Ils travailleront dans deux salles sur le principe d’une grande étude supervisée. Ce sera un peu comme à la maison depuis mi-mars, mais dans le cadre stimulant du collège. Les élèves auront une pile de devoirs à réaliser en classe, entourés de leurs professeurs qui pourront répondre à leurs questions. Nous – l’équipe des professeurs du CASE – avons d’autres idées de systèmes à tenter au mois de juin, afin d’individualiser nos contenus et d’accompagner au mieux nos élèves sur cette fin d’année inédite » ajoute Léa.
Une organisation adaptée aux circonstances
La santé et le bien-être de tous sont une priorité dans nos écoles. Les petits effectifs sont un véritable atout pour assurer les meilleures conditions de reprise possibles, dont le respect des mesures de distanciation recommandée par les autorités sanitaires. L’ensemble des adultes des établissements portent un masque et le nettoyage des écoles est réalisé quotidiennement. 66% des collégiens étaient de retour à l’école pour cette 1ere semaine. Ils étaient 70% en primaire, en évolution par rapport à 40% pour la première semaine de reprise mi-mai.
Le retour à l’école étant toujours volontaire, les enfants restés à la maison ne sont pas délaissés. Au Cours La Boussole, les professeurs consacrent leurs après-midis aux élèves qui travaillent encore à distance. Chaque jour, les parents envoient le travail de leurs enfants, afin que les professeurs continuent de les aider à progresser. Cette école « à la carte » demande certes, beaucoup d’organisation. Mais l’équipe éducative le fait avec soin, car consciente de l’urgence et de la nécessité de continuer le travail. Au Cours Ozanam, les élèves présents envoient régulièrement des messages vidéo à leurs camarades qui poursuivent l’école à la maison.
Merci à tous nos professeurs et bénévoles pour leur investissement sans faille et leur capacité d’adaptation, ainsi qu’aux parents pour leur précieux investissement. Bravo à tous les élèves, en primaire et collège, qui reprennent petit à petit le chemin de l’école.