Des enseignants passionnés, des idées innovantes, et un lieu d’exception : notre colloque annuel Espérance banlieues, sur le thème « Les enseignants au cœur du changement : Réaffirmer leur place au sein de l’école », a fait salle comble au Palais du Luxembourg le 12 mai dernier ! Des échanges inspirants à partir de l’expérience terrain, et des propositions pour l’avenir de l’école que nous sommes heureux de partager avec vous.

Table ronde n°1 : la parole au terrain

Trois enseignants passionnés – Myriam Meyer, Céline Haller et Julien Raynal – ont partagé leur quotidien, leurs défis et leurs initiatives. Ce qui les unis ? L’engagement et la passion de l’enseignement en REP+, et la conviction que la clé de la réussite se trouve dans l’amour porté à leurs élèves, la confiance en l’équipe pédagogique, et la liberté d’innover. Parmi ce qui nous a rejoint dans notre conviction pour l’école de demain, Myriam Meyer a évoqué l’importance de l’ouverture à la beauté, Céline Haller a présenté des initiatives créatives extra-scolaires pour engager les élèves en dehors de l’académique pur, et Julien Raynal, a mis en exergue la passion et la connaissance personnelle des élèves comme leviers indispensables de motivation et de réussite. Selon eux, une relation humaine forte et la liberté d’expérimenter sont cruciales pour transformer l’éducation.

“Ma méthode repose sur la passion que je transmets à mes élèves.” – Julien Raynal, Cours La Cordée

A propos des intervenants de la table ronde n°1 : 

Myriam Meyer : Myriam Meyer est professeure de français, latin et grec. Après plusieurs années en Réseau d’Éducation Prioritaire dans le Val-de-Marne, elle enseigne aujourd’hui dans l’académie de Paris. Elle est l’autrice de Wesh Madame ?! Rires et larmes d’une prof de banlieues (Robert Laffont, 2024), un témoignage sur la réalité du métier d’enseignant en milieu scolaire sensible.

Céline Haller : Enseignante en REP+ à Strasbourg, Céline Haller a lancé les « petits-déjeuners pédagogiques », mêlant nutrition et apprentissages. Ce projet, devenu un outil éducatif reconnu, touche 300 000 enfants en France. Finaliste du Global Teacher Prize, elle ancre les savoirs dans l’expérience concrète des élèves.

Julien Raynal : ancien chef de projet en innovation, Julien Raynal s’est reconverti dans l’enseignement pour redonner du sens à son engagement. Professeur d’anglais et de sport à l’école Espérance banlieues de Roubaix, il développe des projets pédagogiques innovants, dont le vélo, pour transmettre par le corps, l’effort et l’action.

Keynote : le sens politique du métier d’enseignant

Selon Damien Baldin, vice-président d’ESS France, enseigner ne se limite pas à transmettre des savoirs techniques, mais est un engagement au service d’un idéal de société. Un nouveau récit politique autour de l’éducation, centré sur la revalorisation de l’innovation et du pouvoir d’agir des enseignants, est indispensable. Plaidant pour une refonte du système éducatif, il souhaite redonner pouvoir et confiance aux enseignants, et lutter contre le déterminisme social.

A propos de Damien Baldin :
Historien et ancien enseignant en éducation prioritaire, Damien Baldin est aujourd’hui vice-président d’ESS France. Ancien directeur du Choix de l’école et de la Fondation La France s’engage, il porte une vision engagée de l’éducation, alliant terrain, innovation sociale et politiques publiques pour l’égalité des chances.

Table ronde n°2 : quel avenir pour le métier d’enseignant ?

A partir de tous ces apports terrain, Christophe Kerrero, Monica Neagoy, et Guillaume Prévost ont échangé sur l’avenir du métier d’enseignant, dégageant plusieurs pistes d’actions pour réformer l’éducation :

  1. Repenser le recrutement des enseignants par le ciblage notamment de profils diversifiés (issus de milieux défavorisés et de secondes carrières) ;
  2. Accroître la liberté des enseignants pour innover ;
  3. Favoriser des partenariats locaux avec les maires et autres acteurs pour soutenir l’éducation.
  4. Redonner du sens à l’enseignement, et assurer une formation continue de qualité.
  5. Diversifier les intervenants à l’école, en impliquant davantage de professionnels et d’éducateurs.

A propos des intervenants de la table ronde n°2 : 

Christophe Kerrero : Agrégé de lettres, Christophe Kerrero a été directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer, puis recteur de Paris de 2020 à 2024. Très engagé pour la formation des enseignants et l’égalité des chances, il a tenté de réformer les classes préparatoires pour introduire davantage de mixité sociale. Il publie en 2024 L’école n’a pas dit son dernier mot, plaidoyer pour une école plus juste.

Monica Neagoy : Docteure en didactique des mathématiques, Monica Neagoy est franco-américaine, multilingue, consultante et formatrice internationale. Spécialiste de la méthode de Singapour, elle a piloté son adaptation au système français. Son approche innovante promeut une compréhension en profondeur des concepts mathématiques dès le plus jeune âge.

Guillaume Prévost : Expert reconnu des politiques éducatives, Guillaume Prévost a été nommé secrétaire général de l’enseignement catholique en avril 2025. Après un passage au ministère de l’Éducation nationale, il devient délégué général du think tank VersLeHaut en 2021. Il porte une vision exigeante et concrète de la transformation du système éducatif, avec une attention particulière portée à la réussite de chaque élève.

Le changement viendra du terrain !

Ce colloque n’aurait pu avoir lieu sans le soutien de Madame la Sénatrice Marie-Do Aeschlimann et Monsieur le Sénateur Max Brisson, que nous remercions chaleureusement pour leur accueil et leur engagement à nos côtés. Leurs interventions ont rappelé que le Sénat est la chambre des territoires, et que des solutions existent pour soutenir l’innovation éducative, y compris dans le cadre réglementaire actuel.

Nous en sommes convaincus : il est urgent de revaloriser le métier d’enseignant, en reconnaissant sa complexité, son impact pour l’avenir de la société, et en formant, soutenant et accompagnant mieux celles et ceux qui s’y consacrent avec passion !

Les pistes d’action identifiées lors de cette journée nous donnent beaucoup d’Espérance, en banlieues mais pas seulement, pour les années à venir : le changement viendra du terrain, porté par les enseignants eux-mêmes et ceux qui les soutiennent, et nourri par l’alliance de tous –  enseignants, associations, collectivités, entreprises – autour de l’élève.