MOBILISONS-NOUS
et INNOVONS
pour les quartiers en situation
d’« URGENCE EDUCATIVE » !

7 propositions clés de la Fondation Espérance banlieues

PROPOSITION 1

Faire de l’enseignement dans les quartiers en situation d’« urgence éducative » une « grande cause nationale »

PROPOSITION 2

Inscrire l’école au cœur de la politique de la Ville

PROPOSITION 3

Associer davantage les régions au déploiement de solutions éducatives dans les quartiers en situation d’« urgence éducative »

PROPOSITION 4

Renforcer l’implication des territoires dans la lutte contre l’échec scolaire dans les banlieues

PROPOSITION 5

Permettre aux jeunes talents de s’engager au service des élèves des banlieues

PROPOSITION 6

Associer les entreprises

PROPOSITION 7

Mesurer l’impact et l’efficacité de ces écoles

L’école est au cœur des réponses prioritaires à apporter pour prévenir les difficultés d’instruction et d’intégration des jeunes des quartiers en situation d’« urgence éducative », à savoir des cités, quartiers et banlieues marqués par la pauvreté, les difficultés d’intégration, la violence, la délinquance, le décrochage scolaire, le chômage de masse et les risques de radicalisation. Les récents événements tragiques, à Paris comme à Bruxelles, soulignent l’extrême urgence de la situation, non seulement en France mais plus globalement en Europe, et imposent une mobilisation immédiate de l’ensemble du corps social pour répondre à ces défis.

Depuis 2012, la Fondation Espérance banlieues expérimente avec succès un modèle innovant d’école-collège au profit des jeunes des quartiers en difficulté : formation intellectuelle solide, transmission de l’amour de la France et de sa culture, apprentissage de la solidarité par l’exercice de responsabilités concrètes au sein de l’établissement… Ces écoles-collèges, allant de manière intégrée du CP à la 3e, s’appuient sur quelques principes clés : liberté de recrutement par le directeur d’équipes éducatives volontaires, motivées et spécialement formées ; libre choix des méthodes d’enseignement et ajustement des programmes aux caractéristiques de ces élèves ; effectifs restreints pour favoriser la mise en confiance ; implication et responsabilisation des parents dans la démarche éducative.

Il est aujourd’hui indispensable que tous les acteurs de la société unissent leurs forces (familles, État, collectivités locales, entreprises, associations, citoyens…) pour donner un avenir aux jeunes de ces quartiers. À ce stade et au regard de la gravité de la situation, nous proposons de faire bénéficier sans délai l’ensemble des quartiers en situation d’« urgence éducative » des écoles Espérance banlieues. (La solution Espérance banlieues peut, en effet, se déployer rapidement et à coût budgétaire maîtrisé, comme le montre l’étude BAIN présentée lors du colloque).

Les propositions ci-dessous sont porteuses d’une vision globale des solutions à apporter à la crise de l’éducation dans les quartiers en difficulté ; elles se complètent mutuellement pour permettre une atteinte rapide des objectifs.

Prendre en compte l’extrême urgence de la situation

Proposition 1 – Faire de l’enseignement dans les quartiers en situation d’« urgence éducative » une « grande cause nationale » au sens de la circulaire du 20 septembre 2010, afin de faciliter la mobilisation de l’ensemble des acteurs publics et privés au service de ces jeunes.

Mobiliser la puissance publique à tous les niveaux, au service des initiatives éducatives de terrain

Proposition 2 – Inscrire l’école au cœur de la politique de la Ville :

  • Faciliter le développement systématique d’écoles innovantes de type Espérance banlieues dans les quartiers en situation d’« urgence éducative ».
    Libres de composer leurs équipes autour d’un projet pédagogique ambitieux, de choisir leurs méthodes pédagogiques et d’adapter leurs programmes d’étude aux besoins spécifiques de leurs élèves, ces écoles aconfessionnelles constituent de puissantes actions de prévention du décrochage scolaire, de la délinquance et de la radicalisation de cette jeunesse, alors que la politique de la Ville met traditionnellement l’accent sur des actions curatives, nécessaires mais particulièrement coûteuses et moins efficaces. Ces écoles sont des établissements scolaires privés indépendants. À l’instar de la Grande-Bretagne (transformation des écoles publiques ordinaires en Academies), l’État pourrait ouvrir le droit aux écoles publiques existantes de se transformer en écoles publiques indépendantes, inspirées du modèle Espérance banlieues.
  • Mettre en place un financement mixte public-privé des écoles de type Espérance banlieues. Diverses solutions sont envisageables :
    • Financements publics octroyés par l’État et les collectivités locales sous la forme d’une dotation forfaitaire couvrant 50 % minimum des coûts de scolarité des élèves des quartiers en situation d’« urgence éducative ». Financement des 50 % restants par des personnes morales et physiques privées.
  • Ou bien :
    • Moyennant une adaptation très limitée du cadre juridique en vigueur : extension du contrat simple au niveau collège (justifiée par la forte intégration du primaire et du collège dans la pédagogie des écoles- collèges Espérance banlieues), et extension du dispositif dérogatoire de l’article R442-35 du Code de l’éducation aux contrats simples afin que les « écoles-collèges » Espérance banlieues puissent en bénéficier. Ainsi le coût des professeurs, salariés de droit privé de l’école-collège, sera pris en charge par l’État, tout le reste devant être couvert par des financements privés et, si les communes le désirent, pour la partie fonctionnement, par des « conventions municipales ».
  • Encourager au niveau des rectorats le détachement ou la mise à disposition de professeurs titulaires auprès des écoles-collèges Espérance banlieues, afin de favoriser les fertilisations croisées, en permettant aux professeurs des établissements publics de rejoindre, pour un temps de service limité, ces écoles innovantes.
  • Permettre aux écoles-collèges Espérance banlieues de bénéficier plus largement des financements de la politique de la Ville et de l’égalité des chances, au regard des services rendus dans ces domaines cruciaux.

Proposition 3 – Associer davantage les régions au déploiement de solutions éducatives dans les quartiers en situation d’« urgence éducative » :

  • Faire des conseils régionaux, en lien avec les rectorats, les catalyseurs et facilitateurs du déploiement de la « grande cause nationale », fédérant l’ensemble des acteurs, publics comme privés.
  • Accorder aux écoles Espérance banlieues un financement par les conseils régionaux grâce à de nouvelles compétences, notamment en termes de politique éducative et de lutte contre le décrochage scolaire. Ce financement pourra également faire appel au Fonds social européen.

Proposition 4 – Renforcer l’implication des territoires dans la lutte contre l’échec scolaire dans les banlieues :

  • Donner aux maires, sur avis consultatif du recteur, la responsabilité de définir les territoires « d’urgence éducative » dans lesquels des écoles innovantes pourront être financées sur fonds publics.
  • Encourager la mise à disposition gratuite de locaux ou de terrains par les collectivités territoriales pour l’implantation de ces écoles innovantes (par exemple des écoles désaffectées).
  • Permettre aux « écoles-collèges » Espérance banlieues de bénéficier de financement des conseils départementaux au titre de leurs compétences en matière d’éducation et de cohésion sociale.

Capitaliser sur les talents et l’énergie des acteurs de la société civile engagés au service des jeunes des quartiers en difficulté

Proposition 5 – Permettre aux jeunes talents de s’engager au service des élèves des banlieues :

  • Développer les liens entre les établissements d’enseignement supérieur (grandes écoles et universités) et les écoles des quartiers en situation d’« urgence éducative ».
  • Créer un « service civique » accessible aux étudiants de l’enseignement supérieur (universités, grandes écoles…), qui leur permettrait de passer un an de service dans une école innovante.
  • Dans l’esprit du réseau Teach for America, grâce à un financement des entreprises, permettre à des jeunes diplômés entrant sur le marché du travail d’effectuer 1 à 2 ans dans les écoles Espérance banlieues avant de rejoindre leur entreprise-sponsor.

Proposition 6 – Associer les entreprises :

  • Demander aux entreprises de témoigner dans ces écoles innovantes pour faire découvrir leurs métiers, la vie économique et ses défis, aider les écoles à développer une culture de la responsabilité et de l’initiative, et donner le goût aux jeunes de participer pleinement à la vie économique du pays.
  • En s’appuyant sur le rôle de catalyseur des régions, contribuer à l’engagement de la société civile et créer des « incubateurs » où les entreprises de la région, dans le cadre de la RSE, seront incitées à dédier au profit des écoles innovantes des ressources humaines dans leurs domaines de compétences (RH, comptabilité, administration générale,formation, etc.).

Evaluer de manière indépendante ces écoles innovantes pour faire émerger les écoles de demain

Proposition 7 – Mesurer l’impact et l’efficacité de ces écoles :

  • Mettre en place un organisme d’évaluation, indépendant de l’Éducation nationale, chargé d’auditer régulièrement la qualité académique et éducative des écoles innovantes sur la base d’indicateurs transparents et en publier les résultats sur le modèle de l’OFSTED au Royaume-Uni (Office for Standards in Education, Children’s Services and Skills).
  • Conditionner le maintien des financements publics et des équipes en place à la qualité des résultats obtenus dans le cadre de ces évaluations (notamment la capacité des équipes enseignantes à faire progresser leurs élèves).
  • Donner des responsabilités accrues aux meilleures équipes, notamment en termes de formation des enseignants, mais aussi de prise de direction des écoles les moins performantes.